La confiance en soi selon Jacques Salomé

« La confiance en soi est une conquête permanente sur l’imprévisible de la vie. Elle n’est pas acquise une fois pour toutes, mais doit se ressourcer, se reconstruire, se confirmer et s’embellir chaque jour, pour pouvoir faire face à la fois à la mouvance de la vie et à l’irruption de l’inacceptable. Bien sûr, il faut à la confiance quelques ancrages solides. Des valeurs de référence autour de personnes fiables, un enracinement précoce grâce à une enfance comblée dans ses besoins vitaux, en particulier relationnels. Or certains enfants sont oubliés dans les remous de la vie du couple parental, quand les partenaires s’affrontent, se perdent dans les péripéties de leur propre histoire, ou dans celles d’une vie familiale bousculée par des préoccupations matérielles ou violentée par des errances, des separations.La confiance en soi s’inscrit très tôt chez un enfant et se structure ensuite par la qualité des relations, par des messages positifs, valorisants, reçus des personnes significatives de son existence. La confiance et, au-delà, l’estime de soi sont liées à la confirmation que nous avons été acceptés tels que nous sommes, que nous sommes reconnus, aimables, c’est-à-dire susceptibles d’être aimés. Elle peut se consolider ou même se découvrir à l’âge adulte si nous ne l’avons pas trouvée dans l’enfance. Elle naît alors de la rencontre de personnes structurantes. Du contact et de l’impact d’un être-balise qui nous permet d’accéder au meilleur de nous-mêmes et de nous reconnaître comme porteurs de quelque chose d’unique, de bon, de valable. Mais la confiance en soi peut être blessée par des accusations, des disqualifications, des mises en doute, ou par des rejets et des abandons. Ce qui veut dire qu’on doit la protéger et ne pas la mettre entre toutes les mains. Cela veut dire encore qu’elle a besoin d’être nourrie par des regards positifs, des confirmations et des réussites. Elle suppose de pouvoir se ressourcer, de rester vigilant pour ne pas se laisser polluer ou atteindre par la négativité d’un entourage parfois ambivalent, critique ou disqualifiant. La confiance en soi se structure autour de l’image intérieure que nous avons de nous-mêmes, à partir d’un noyau suffisamment solide et protégé pour résister à un afflux d’intolérance, aux vagues de déception et d’amertume, aux violences de nos proches ou moins proches. Elle s’amplifie quand nous acceptons d’entendre que nous possédons plus de ressources que celles que nous avons déjà mises en œuvre, quand nous misons sur la dynamique de l’interaction entre l’autre et soi, quand nous nous appuyons sur le surgissement de l’imprévisible pour agrandir nos propres possibles, quand nous cessons de nous appuyer sur nos connaissances et certitudes pour entrer dans la créativité de l’instant.

La confiance en soi n’est donc pas de l’ordre de la volonté, mais de la créativité, une créativité au service de soi.»

Jacques Salomé